Description
Nées à la Pointe-Brûlée près de Shippagan, petit canton de sept maisons qui abritaient une soixantaine d’habitants, ma soeur Hélène et moi avons grandi à l’intérieur d’une grande famille acadienne composée de cinq garçons et treize filles. Notre enfance fut une période joyeuse et pleine d’insouciance. Pour nous, la vie était belle, et rien ne pouvait venir ternir ces beaux jours. On fréquentait la petite école du coin tout en participant aux travaux ménagers. Mais voilà que, dans l’espace de quelques heures, notre vie bascula et prit un autre tournant. C’était le dimanche de Pâques 1940, le jour où mon père décéda d’un arrêt cardiovasculaire en se rendant à la messe dominicale.
C’était la première fois qu’on côtoyait la mort ; c’était l’inconnu. Dans ces années-là, il n’y avait aucun service de salon funéraire, alors tout se passait à la maison ; la veillée du corps pendant deux jours et deux nuits, les vêtements de deuil et aussi le grand silence auquel nous étions peu habitués. « Mon père eut comme corbillard son cheval attelé à son traîneau auquel on avait solidement attaché son cercueil avec des cordes. Ce furent des moments tragiques, comme c’était chose commune à l’époque. »
Dans les mois qui suivirent, nous avons eu à prendre nos vies en main. C’est l’histoire de cette grande famille qu’Hélène et moi aimerions vous faire connaître.